La Cour suprême britannique a jugé « illégale » la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement, mardi 24 septembre 2019. Les parlementaires siégent donc dès ce mercredi dans une atmosphère très incertaine. Cinq questions au politologue Keith Dixon, spécialiste du Royaume-Uni.
Keith Dixon : Il y a une partie de la législation qui était déjà en examen, qui va reprendre. La décision de la Cour a été parfaitement claire. C’est-à-dire que la suspension est sans effet. Cela veut dire qu’on va continuer les affaires parlementaires, comme si la suspension n’avait pas eu lieu.
Quelle est la stratégie de l’opposition avec cette reprise des travaux parlementaires qu’elle souhaitait ?
Cela va être toujours la même chose. C’est-à-dire que l’objectif pour l’opposition, c’est à la fois d’empêcher la sortie du Royaume-Uni sans accord. Et deuxièmement, de s’assurer qu’une fois que cela est fait, il y ait des élections législatives. Tout le monde est d’accord, il doit y avoir des élections législatives anticipées. La question n’est pas « si », mais « quand ». Boris Johnson voudrait les faire aussi vite que possible, alors que l’opposition souhaite que le no deal soit définitivement écarté, avant que l’on consulte le peup
Peut-on imaginer une convocation d’élections là, dans les jours ou les semaines qui viennent ?
Cela va être l’enjeu d’un débat au sein du Parlement. Comme je vous dis, il y a une différence d’opinions entre Boris Johnson et l’opposition sur le timing de ces élections. Mais il est certain qu’il y aura des élections anticipées. C’est ce que souhaite vivement Johnson, parce que malgré les revers en cascade qu’il vient de subir – et le dernier est un revers majeur -, il caracole en tête des sondages. Il a 12 points d’avance sur le Parti travailliste.
Est-ce que l’on peut imaginer que les débats, aujourd’hui et dans les semaines qui viennent, vont éclaircir un peu la situation et amener à un consensus sur un accord à signer avec l’Union européenne ?
On peut toujours le souhaiter. Mais cela me semble peu probable. C’est-à-dire que jusqu’à maintenant, on a traversé une longue période d’incertitude politique, y compris au sein du Parlement britannique. Et je suis désolé, mais je pense qu’effectivement, cette période de très grande incertitude va se poursuivre. Donc, bien courageux celui qui sait quel sera le résultat des débats dans les jours qui v
Un petit mot sur la reine. La Cour estime qu’elle a été trompée par Boris Johnson en suspendant les travaux parlementaires. Est-ce qu’elle peut intervenir dans le débat ?
Constitutionnellement, non. Mais puisque nous n’avons pas de Constitution écrite au Royaume-Uni, on peut toujours considérer qu’il y a une possibilité de contourner et que la reine pourrait donner un signal. Elle donne déjà des signaux politiques. Elle a donné un signal clair lors du référendum sur l’indépendance de l’Écosse, qu’elle désapprouvait. Elle pourrait le faire. Je pense qu’il est très peu probable. Elle a été un peu entraînée dans cette affaire. J’imagine qu’elle en veut un tout petit peu à Boris Johnson, actuellement. Elle a été atteinte par la décision de la Cour suprême, comme Johnson, puisqu’elle l’a suivi sur cette question.
RFI