Ce devait être un sacre, c’est un chemin de croix. La crise sanitaire et son cortège de confinements dans le monde entier ont fait basculer notre société dans l’ère numérique, bien plus violemment que prévu. Travailler, consommer, s’informer, se distraire, rien n’échappe aux Google, Apple, Facebook, Amazon (GAFA) et à leurs poursuivants. Les recettes explosent, les cours de Bourse sont au plus haut.

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Mais voilà que dans le même temps la rancœur, les critiques et les menaces pleuvent. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, est parti personnellement en guerre contre Twitter, son canal d’information favori. Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, doit faire face au soulèvement d’une partie de ses troupes mécontentes de son attitude vis-à-vis des messages du même Donald Trump. Ce dernier a décidé de lancer le grand chantier de la responsabilité des plates-formes sur le contenu qu’elles diffusent. L’Union européenne est en train de faire de même avec le démarrage, mardi 2 juin, d’une vaste consultation devant déboucher sur une plus grande régulation de ces sociétés.

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Enfin, les taxes visant spécifiquement les géants du numérique se multiplient dans le monde. La plupart des grands pays réfléchissent à créer leur impôt spécial GAFA. Comme dans la Rome antique, il n’y a décidément pas loin de la gloire du Capitole à l’infamie de la roche Tarpéienne. Mark Zuckerberg, l’empereur de Facebook, ne subira pas le sort de l’infortuné Manlius, sauveur de Rome exécuté un peu plus tard, mais il tient un bon sujet de méditation : avec le pouvoir viennent les responsabilités.

Des caisses vidées

L’affaire de la « taxe GAFA » est exemplaire. Elle mêle le souci légitime de faire participer financièrement les géants du numérique à la vie collective en mettant fin au scandale de l’évasion fiscale, et la recherche de boucs émissaires commodes à nos malheurs actuels. La crise du Covid-19, vidant les caisses des Etats, a rendu plus aiguë la recherche de généreux donateurs. Ainsi, l’Inde, qui depuis 2016 disposait d’un impôt spécial numérique, a récemment décidé d’en augmenter considérablement l’assiette en incluant l’ensemble du commerce en ligne.

Face à cette vague, le représentant au commerce des Etats-Unis a décidé, mardi, de lancer une enquête pouvant aboutir à des mesures de rétorsion, comme ce fut le cas pour la Chine, ou plus récemment pour la France avec sa propre taxe numérique. Cet examen visera également l’Espagne. Mais derrière, la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Autriche, l’Indonésie, la Turquie et bien d’autres pourraient bientôt faire connaissance avec la pugnacité de Donald Trump.