En Afrique, le compte à rebours a commencé. D’ici deux à trois semaines le coronavirus pourrait durement frapper l’ensemble du continent a annoncé Vera Songwe, la directrice de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies. Quelles pistes pour stopper cette pandémie mortelle et en limiter les conséquences économiques ?
En Afrique, 10 millions de personnes pourraient succomber au Covid-19 a prévenu Bill Gates, il y a un mois. Pour empêcher cette hécatombe, les pays africains se claquemurent les uns après les autres. Ici comme ailleurs tuer l’économie est le prix à payer pour sauver des vies. Mais dans une région où la survie dépend souvent du travail effectué à l’extérieur, exiger des habitants de rester chez eux c’est demander l’impossible comme l’a dit en substance hier le président du Bénin Patrice Talon. Comment envisager sereinement leur prise en charge sanitaire quand le nombre de lits de réanimation est en moyenne de 50 par pays ? Le traitement du coronavirus va s’ajouter à un fardeau déjà bien lourd : l ‘Afrique, c’est presqu’un quart des cas de pathologies les plus lourdes comme la tuberculose, la malaria ou le VIH, mais seulement 1% des dépenses globales de santé.
Pour faire face à l’urgence plusieurs gouvernements ont pourtant réussi à débloquer des fonds
Ils sont destinés en priorité à la santé. Le Ghana, l’Egypte ont pris des mesures de soutien aux entreprises. Le Ghana envisage de verser des aides directes aux ménages les plus fragiles via des paiements mobiles. Et dans les pays les plus riches du continent, le Nigeria et l’Afrique du Sud, les grandes fortunes privées sortent leur carnet de chèques pour soutenir l’effort de l’Etat. Mais pour le moment aucun Etat africain n’a les moyens de dégainer des milliards comme l’ont fait les pays occidentaux pour soutenir massivement leurs salariés et leurs entreprises paralysées par le confinement. Pour dépenser plus d’argent public, il faut pouvoir recourir à l’emprunt, or les Etats africains sont déjà à l’os. Pour stimuler la croissance ils ont emprunté tous azimuts. En sept ans le poids de la dette a triplé en Afrique subsaharienne, passant de 30 à 95% du PIB.