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mardi 26 septembre 2023

« Le gouvernement n’a aucune intention de prendre des mesures pour protéger le secteur industriel, il se limite à éponger les pertes de la Sonacos, mais pour combien de temps encore ».(Nicolas Brugvin,DG/Copéol)

Opérant sur le marché de l’arachide du Sénégal depuis quelques années, les négociants chinois ont bouleversé l’industrie en offrant des prix supérieurs au tarif minimum fixé en début de chaque campagne. Et si les producteurs s’en sortent avec de meilleures rémunérations, la surenchère a surtout remis en cause l’approvisionnement en arachide des huiliers locaux. Bousculés par cette vague, ceux-ci peinent à faire tourner leurs usines et certaines ont déjà fermé leurs portes. Parmi celles-ci, figure la Compagnie de production des Oléagineux (Copéol), second plus gros huilier du Sénégal, qui a cessé ses opérations depuis le mois dernier. Selon  le  directeur général,Nicolas Brugvin : « Nous avons arrêté toute activité depuis  le 31 janvier dernier ».Son business-model était basé sur la contractualisation directe avec les organisations de producteurs auxquelles elle avance, sans intérêt, des intrants de qualité en contrepartie de la livraison d’une partie de leur production.

Les négociants chinois bénéficient d’une distorsion qui condamne l’industrie huilière sénégalaise.Du moins  c’est l’avis de Nicolas Brugvin . La Chine et le Sénégal ont signé un accord qui permet l’exportation de l’arachide d’huilerie en exonération de toute taxe alors que l’huile est lourdement taxée et le tourteau (le coproduit) interdit à l’exportation en Chine. Comme les prix internationaux sont déterminés par le marché chinois, les acheteurs chinois ont donc tout intérêt à préférer la graine à l’huile. La distorsion est insurmontable. « Comme les prix internationaux sont déterminés par le marché chinois, les acheteurs chinois ont donc tout intérêt à préférer la graine à l’huile. La distorsion est insurmontable», a déclaré le DG de COPEOL.

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Il faut ajouter à ce facteur que l’arachide est, pour les entreprises chinoises opérant au Sénégal dans différents secteurs, un véhicule inespéré pour rapatrier des devises. Dans ces conditions, les compagnies chinoises sont toujours prêtes à surenchérir même si le résultat économique de l’opération est négatif. «  De ce fait, vous comprendrez que nous ne pouvons pas lutter même en envisageant de limiter notre activité au décorticage. Nous connaissons bien les destinataires finaux de l’arachide sénégalaise, les triturateurs chinois, qui sont aussi nos clients. Eux-mêmes constatent que les prix pratiqués à l’achat, ici, par leurs concitoyens sont irrationnels.« Nous constatons, de toute façon, que le gouvernement n’a aucune intention de prendre des mesures pour protéger le secteur industriel, il se limite à éponger les pertes de la Sonacos, mais pour combien de temps encore », a annoncé ce dernier.

L’exécutif a déjà injecté 65 milliards FCFA depuis la renationalisation de l’entreprise en 2015 [qui avait été privatisée en 2005 sous le nom de SUNEOR, ndlr], mais aucun investissement industriel n’a été effectué dans un outil obsolète. Il a clairement sacrifié les huileries privées, auxquelles il avait demandé d’avancer les subventions aux producteurs quand les cours étaient bas, mais qu’il ne rembourse pas. Ce sont 12 milliards FCFA d’arriérés de l’Etat que nous supportons avec nos confrères [de la WAO et du Complexe agro-industriel de Touba (CAIT), ndlr] pour le compte des campagnes 2017/2018 et 2018/2019. Il est évident que la seule priorité du moment pour les autorités est de livrer la matière première à la Chine avec qui des engagements ont, semble-t-il, été pris selon toujours le DG de Copeol.

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