À la fin d’une séance infernale, le baril de pétrole coté à New York pour livraison en mai a clôturé ce lundi à -37,63 dollars, les investisseurs et spéculateurs étant prêts à payer pour s’en débarrasser faute de stockage.
Le pétrole bat ses plus mauvais records. Ce lundi 20 avril, à la clôture, le baril de pétrole brut coté à New York pour livraison en mai a terminé pour la première fois sous le zéro dollar. Ce contrat expirant mardi à la clôture, ceux qui en détiennent doivent trouver des acheteurs physiques au plus vite. Mais comme les stocks ont déjà énormément gonflé aux États-Unis ces dernières semaines, ils ont été contraints de payer des gens pour trouver preneurs : le baril de WTI a terminé à -37,63 dollars.
Deux raisons principales expliquent cette chute historique. La première, c’est la baisse de la demande. La propagation du coronavirus a drastiquement réduit les activités dans le monde entier : de l’aérien à l’industrie, la demande de pétrole s’est effondrée. Avant la crise, le monde consommait en moyenne 100 millions de barils par jour ; selon différentes estimations, ce chiffre aurait diminué de 6% à 20% depuis l’apparition du coronavirus. Moins d’achats, cela veut dire des prix plus bas. Beaucoup moins d’achats et des perspectives mondiales de récession, et voilà les prix en chute libre.
D’autant qu’un second facteur effraie les investisseurs : la saturation des capacités de stockage d’or noir, notamment aux États-Unis. Le pétrole déjà extrait et non vendu doit bien attendre quelque part. Et côté américain, peu de cuves restent disponibles : des analystes estiment que plus de 70% des capacités de stockage américaines auraient déjà été atteintes. Certains producteurs n’ayant donc plus d’autre choix que de brader leurs barils.
Mais ce prix négatif ne concerne que le pétrole devant être livré au mois de mai aux États-Unis, a souligné le président américain, qui a aussi annoncé son intention de remplir les réserves stratégiques de pétrole du pays. « Cela concerne les ventes à court terme, a assuré Donald Trump. Si vous regardez l’échéance à un mois, le prix est à 25 ou 28 dollars le baril. Donc, beaucoup d’investisseurs se sont fait prendre. Mais c’est plus un problème financier qu’un problème pétrolier. C’est pour l’essentiel une compression financière, et les investisseurs ont perdu. »
« Le problème c’est que plus personne ne conduit de voiture dans le monde, les usines ont fermé, les commerces sont fermés et on avait beaucoup de stocks d’énergie, en particulier de pétrole, a expliqué le président américain. Nous en avions beaucoup et tout d’un coup on a perdu 40% à 50% de notre marché. Mais cela va remonter et le secteur de l’énergie va se renforcer. C’est une bonne période pour acheter du pétrole, et nous aimerions avoir l’approbation du Congrès pour le faire. Je crois que dans nos réserves, nous avons encore une capacité de stockage de 75 millions de barils, c’est beaucoup. Donc soit nous allons avoir l’autorisation d’acheter, soit nous stockerons pour des tiers. D’une manière ou d’une autre, les stocks seront pleins. »