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dimanche 24 septembre 2023

Gouvernance: « On assiste à un tournant décisif pour le Marché des Titres Publics qui démontre sa réactivité et sa profondeur » Adrien Diouf ( DG de l’Agence UMOA-Titres)

Le 06 décembre dernier, le Sénégal a mené une opération historique sur le Marché régional des titres publics en levant un montant de 200 milliards FCFA. Dans cet entretien, le Directeur général de l’Agence UMOA-Titres, Adrien Diouf, évoque avec ici, les enjeux de cet événement inédit.

A E : Le Marché régional des Titres Publics vient de réaliser un exploit en mobilisant le montant de 200 milliards de Francs CFA pour l’Etat du Sénégal portant sur trois souches d’Obligations Assimilables du Trésor de 3, 5 et 7 ans. Quelle appréciation en faites-vous ?

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Adrien Diouf : En premier lieu, il faut souligner que cette opération a permis de franchir un palier historique pour notre marché. En effet, il s’agit de la plus grosse levée de fonds opérée sur le marché local de la dette sur les cinq dernières années, tant en termes des montant globaux en jeu, que des maturités considérées. Cela a également permis de montrer que notre marché offre une panoplie de solutions aux Etats émetteurs et aux investisseurs. En effet, celui-ci permet, suivant le même mécanisme et avec la même efficacité, de lever de petits moment sur du très court terme et de gros montants sur du moyen long terme.

Il faut également souligner qu’au-delà du montant, la structuration de l’opération est également à remarquer dans la mesure où les maturités émises sous la forme de titres in fine sont des hauts historiques.

Pour rappel, sur une demande initiale de 200 milliards de Francs CFA, les investisseurs ont offert 385 milliards FCFA, soit un taux de couverture global de près de 200%. Ceci avec de bons taux de sortie de 5,81% ; 6,03% et 6,14% sur les maturités respectives de 3, 5 et 7 ans en remboursement in fine. Cela correspond aux meilleures performances de l’année.

Et enfin, la logique qui sous-tend cette opération qui demeure une opération de gestion active de la dette avec le double objectif de rééquilibrer les proportions de dette en devise étrangère dans le portefeuille et de rallonger les maturités d’une partie de cette dette. Cela a été possible en substituant une dette en devise court terme par une dette plus longue libellée en monnaie locale.

A E : Vu le montant assez important de 200 milliards FCFA, levé à travers cette émission, peut-on dire aujourd’hui que le Marché des Titres Publics (MTP) a véritablement gagné en maturité et en profondeur ?

Adrien Diouf : Il va sans dire qu’on assiste à un tournant décisif pour le Marché des Titres Publics, qui démontre si besoin était encore, sa réactivité et sa profondeur. Cette réalisation est le résultat d’un travail entamé il y maintenant plusieurs années et visant à mettre en place un contexte propice à l’investissement dans les titres des Etats de notre zone et à élargir la base des investisseurs pour rendre le Marché des Titres publics (MTP) plus profond.

On peut dire que les actions menées ces dernières années par l’Agence UMOA-Titres qui visent à bâtir, en collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés, un Marché des Titres Publics assurant le financement efficient du développement des États membres de l’Union, commence à donner ses fruits. Le marché gagne considérablement en maturité année après année et continue à travailler sur sa profondeur et son efficience.

L’Agence UMOA-Titres s’engage à poursuivre ses activités de sensibilisation des acteurs du marché dans une approche participative et transparente dans le but de hisser le MTP au rang des standards internationaux.

A E : Qu’est-ce qui explique le dynamisme du Marché des Titres Publics observé ces derniers temps au niveau de l’espace UMOA ?

Adrien Diouf : Il convient de noter que ce marché correspond à un vrai besoin pour les Etats et les investisseurs. En effet, le besoin en financement et notamment en développement des infrastructures, combiné à la baisse des financements concessionnels, crée un terreau favorable pour développer un marché de la dette souveraine aux standards internationaux.

En amont, nous travaillons en étroite collaboration avec les Etats pour les sensibiliser, les accompagner dans la détermination de leurs besoins et les aider à structurer et organiser les meilleures opérations capables de répondre efficacement à leurs attentes.

Au quotidien, nous nous attelons à fournir aux investisseurs l’information la plus transparente possible pour rendre l’accessibilité à notre marché plus efficiente à travers, notamment, les courbes de taux des émetteurs de la zone UEMOA, les présentations pays des émetteurs, la mise en place des infrastructures de marché pour dynamiser le fonctionnement du marché secondaire des titres publics, la vulgarisation du Marché des Titres Publics et l’instauration de bonnes pratiques de marché, aussi bien pour les investisseurs que les émetteurs , la standardisation des instruments émis, etc.

Tous ces éléments renforcent l’attractivité des titres souverains des Etats de la zone UMOA et l’émergence d’un marché financier, qui bénéficient de l’intérêt des investisseurs, ce dans un contexte de liquidité très favorable.

A E : Une opération de gestion active de la dette a été menée avec succès par la Côte d’Ivoire cette année. Que vise donc cette innovation impulsée par l’Agence UMOA-Titres ?

Adrien Diouf : L’objectif d’une opération de gestion active de la dette est non pas le financement mais plutôt la réduction et/ou l’optimisation d’un risque lié à la dette auquel un Etat donné est confronté.

En effet, depuis plusieurs années, dans un souci de mieux gérer le portefeuille de la dette, les Etats de la zone UMOA ont souhaité dynamiser la gestion de leur dette à travers notamment la réalisation d’opérations de gestion active. Les équipes de l’Agence UMOA-Titres les accompagnent dans la structuration et la mise en œuvre de ce type d’opérations.

L’opération de l’Etat de Côte d’Ivoire, s’inscrit dans cette démarche proactive de gestion de la dette afin de lisser les pics de trésorerie en refinançant certains paiements à venir. La gestion optimale des flux de trésorerie permet aux Etats de rationaliser leurs stratégies d’émission de titres publics, avec pour objectifs la minimisation du coût de l’emprunt et l’amélioration des différents indicateurs de la dette.

AE : Courantes sur les marchés matures, les opérations de gestion active de la dette commencent à se développer sur le marché régional des titres publics. Quelles en sont les perspectives ?

Adrien Diouf : Effectivement, l’Agence UMOA-Titres a mis en place depuis 2017, des opérations de gestion active de la dette permettant entre autres objectifs de faire face au risque de refinancement des Etats. Face à la pertinence de ce type d’opération et la réponse positive des Etats, l’AUT a dû se réorganiser et mettre en place une équipe qui se focalise sur ces questions.

De nombreuses opérations ont donc été organisées dans cet optique et avec son concours. Ces opérations ont permis notamment de gérer le risque de refinancement, d’améliorer la durée de vie moyenne de la dette tout en maîtrisant le coût de l’opération.

De la même manière, le maitre mot au niveau de l’Agence est de ne pas laisser une dette arriver à maturité et de choisir le moment de son remboursement au travers d’opérations de gré à gré sur le marché secondaire. Ces opérations de rachat permettent ainsi de réduire les échéances de manière notable et de lisser la trésorerie sur la période visée. Cela a été le cas avec plusieurs pays à travers les exemples déjà évoqués plus haut de la Côte d’Ivoire et du Sénégal mais aussi du Bénin, du Mali et de la Guinée-Bissau.

Au demeurant, compte tenu de l’évolution des stocks de dette de nos Etats mais aussi de notre marché qui gagne en maturité, ce sont typiquement des opérations qui ont vocation à se multiplier au cours des prochaines années et à devenir une pratique courante.

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