Dans le silence, le coût de la dette internationale des pays africains est reparti à la hausse. Une situation qu’on peut mettre en parallèle avec des indicateurs au-dessus des attentes de l’économie américaine.
L’économie américaine qui retrouve sa vigueur est une bonne nouvelle pour les investisseurs et les ménages des Etats-Unis, mais pour plusieurs pays, cela entraîne des conséquences qu’il convient de surveiller.
Selon des analystes du Fonds monétaire international (FMI), cette reprise plus solide qu’attendu signale aux investisseurs un risque de hausse généralisée des prix et pour cela, ils exigent plus de rendements pour souscrire aux bons du Trésor américain.
La hausse des rendements sur les obligations à 10 ans du gouvernement américain entraîne trois principales conséquences. Il y a d’une part un effet d’éviction pour les titres refuges émis par les pays émergents et frontières. Les titres d’emprunts américains sont considérés comme sûrs, et s’échangent facilement sur le marché des capitaux. Lorsque les choses vont pour le mieux, les investisseurs préfèrent les détenir dans leurs portefeuilles.
La deuxième conséquence est que la hausse des taux sur ces produits financiers a un effet de contagion sur les autres segments du marché de la dette, et force les agents économiques à avoir besoin de plus de dollars pour rembourser ce qu’ils doivent. Cette hausse dans la demande de la devise américaine peut entraîner une augmentation de sa valeur, avec des conséquences négatives pour les monnaies des pays économiquement faibles.
La troisième conséquence souvent observée est que des obligations américaines attractives poussent les investisseurs à ne plus s’intéresser aux marchés frontières, sauf si c’est contre un rendement plus élevé. L’analyse des obligations émises par les pays africains permet de constater que ces effets se produisent déjà. Au terme du premier trimestre 2021 en effet, les rendements sur ces titres ont augmenté par rapport à leurs niveaux du début d’année.
Même les eurobonds du Bénin et de Côte d’Ivoire qui ont été émis à des taux historiquement bas et ont été sursouscrits entre 3 et 4 fois, affichent actuellement des rendements en hausse. En plus de coûter plus cher, la dette internationale des pays africains risque aussi d’être plus dure à rembourser, du fait de la dépréciation des monnaies africaines. En dehors du FCFA qui bénéficie d’un accord de stabilité avec l’euro, les monnaies de plusieurs pays africains ont baissé face au dollar.
Les décisions qui seront prises par les comités de politique monétaire des banques centrales africaines sont à suivre. L’Afrique selon certains analystes, devrait s’inventer un nouveau modèle de financement de son économie. En plus du défi lié à la relance de leurs économies, les pays de la région doivent refinancer des centaines de milliards de dettes, d’ici 2030 ; ce qui n’est pas gagné d’avance.