D’un point de vue chronologique, le premier auteur musulman qui s’intéressa à la richesse n’est autre qu’Ibn Al Muqaffa. Ce dernier est surtout connu pour être le créateur de la prose arabe (alors qu’il est d’origine persane!) en raison de sa traduction de « Kalila » du pehlevi vers l’arabe. Mais dans ses écrits apparaissent également des considérations socioéconomiques.
Dans la pensée d’Al Muqaffa, l’homme est à la recherche d’un bonheur à la fois spirituel et matériel : « La pensée de la vie éternelle n’empêche pas d’être heureux ici-bas ». (AL MUQAFFA, Kalila et Dimna, Traduction d’A. Miquel, 1980) I-La pensée économique islamique
Ce bonheur terrestre, qui correspond pour Al Muqaffa à une vie d’aisance, ne peut s’obtenir qu’en gagnant de l’argent d’honnête façon. Cette incitation à la richesse illimitée peut surprendre au regard de l’examen des textes sacrés.
Mais l’apologie de la richesse, dont Al Muqaffa se fait le relais, ne s’apparente pas pour autant à la thésaurisation, dont il dénonce les méfaits, tout comme le Coran : amasser des richesses restreindrait l’expansion du commerce et limiterait ainsi l’enrichissement de la société.
Par conséquent, le riche a un rôle clé dans la circulation de la monnaie grâce à ses dépenses. Cette dialectique richesse/dépense est également présente chez de nombreux auteurs, dont, en premier lieu, Al Jâhiz.