La commissaire danoise Margrethe Vestager poursuit son bras de fer avec les géants de la tech. Dans son viseur, le fabricant de semi-conducteurs Broadcom. L’entreprise américaine a été sommée hier de suspendre sur-le-champ ses pratiques jugées déloyales avec ses clients européens.
Cette mesure prise à titre provisoire est à tout à fait inhabituelle. En général la commissaire enquête longuement, juge et sanctionne. Cette fois, elle agit sans attendre les conclusions de l’enquête ouverte il y a un an. Elle a entendu Broadcom cet été et estime avoir suffisamment d’éléments à charge pour stopper net les pratiques déloyales de ce mastodonte américain. Le premier fournisseur mondial de puce pour décodeur et modem est soupçonné d’imposer des obligations d’achat et des clauses anti concurrentielles à six fabricants européens. Cela fait 18 ans que la Commission n’avait pas eu recours à des mesures conservatoires.
La commissaire à la concurrence est-elle en train de muscler son arsenal anti GAFA ?
La danoise qui va être reconduite à son poste dans la future Commission a reconnu pendant son audition devant le Parlement que les amendes – aussi grosses soient-elles – ne suffisent pas à changer la donne. Qu’il fallait penser à employer d’autres moyens. Et pourquoi pas les outils déjà à sa disposition comme cette mesure transitoire ? C’est aussi parce qu’il y a urgence, avec un gros enjeu techno derrière, celui de la nouvelle génération de wifi, beaucoup plus rapide que les versions précédentes, que Margrethe Vestager a employé la manière forte. Les conditions imposées par Broadcom à ses clients européens surenchérissent les prix estime la commissaire et empêchent les concurrents de se positionner, ils sont donc pénalisés au moment où ils doivent être compétitifs sur ce nouveau segment clé du marché des télécom.
La commission pourrait-elle dégainer cette arme contre Google ?
Le moteur de recherche est effectivement à nouveau dans le collimateur des Européens, des Français plus précisément depuis qu’il a annoncé qu’il s’asseyait sur le paiement des droits d’auteurs dus aux éditeurs de presse, comme le stipule le règlement de Bruxelles transposé en droit français. Hier, le président Macron a demandé aux autorités européennes de la concurrence d’engager au plus vite toutes les procédures possibles pour contraindre Alphabet (la maison mère de Google) à appliquer ce qui est prévu par la loi. Pourquoi pas une mesure intérimaire ? L’ennui, c’est que Google propose un service dématérialisé, or, la commissaire a expliqué aux parlementaires qu’il fallait être en mesure d’identifier précisément le dommage pour agir, ce qui n’est pas évident sur ces marchés digitaux très mouvants. Car le recours à ce type de rétorsion n’est pas sans risque. Broadcom a annoncé qu’il allait faire appel. Et la dernière fois que la commission a employé cette arme, contre une entreprise pharmaceutique américaine en 2001, elle a été retoquée par la Cour de justice européenne estimant que la preuve d’un abus n’était pas assez évidente.
EN BREF
Aux États-Unis après un mois de grève à General Motors un accord est en vue. Il prévoit des hausses de salaire, des investissements dans les usines américaines et des embauches. Le détail du texte est encore confidentiel, il est soumis aujourd’hui au vote des membres du syndicat UAW qui a négocié avec la direction. S’il est approuvé, il pourrait ensuite s’appliquer chez d’autres constructeurs automobiles.
À Paris c’est l’ouverture aujourd’hui de la FIAC, la foire internationale d’art contemporain. Près de 200 galeries participent à l’événement. Pas facile pour Paris d’exister sur ce segment du marché de l’art. Dans la capitale française l’art contemporain ne pèse que 8% du produit des ventes aux enchères, c’est 20% à Londres, où s’est tenue il y a trois semaines la Frieze, l’une des redoutables concurrentes de la Fiac.
RFI