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samedi 20 avril 2024

Madagascar: des syndicats contestent le projet de prêt pour les travailleurs en difficulté

A Madagascar, des syndicats de travailleurs sont contre le projet de prêt destiné aux employés du secteur privé. Ils sont plusieurs dizaines de milliers à être sans travail et sans revenu depuis la mise en place des mesures de confinement et l’arrivée des premiers cas de Covid-19 dans le pays il y a cinq mois. Si les syndicats de travailleurs et les entreprises privées ont plaidé pour une prise en charge du chômage technique par l’Etat, cette proposition n’a pas été retenue par le gouvernement. Le président de la République a indiqué que les salariés du privé pourront souscrire à un prêt à taux zéro auprès de la Caisse nationale de prévoyance sociale, l’institution publique de sécurité sociale.

 

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Un prêt équivalent à un mois de salaire et remboursable sur 12 mois accordé aux salariés qui cotisent à la CNAPS, la Caisse nationale de prévoyance sociale depuis un an. C’est la proposition du gouvernement pour venir en aide aux salariés du privé. Une mesure qui mettra les employés dans une situation encore plus précaire, estime Barson Rakotomanga, le secrétaire général du syndicat Syndicalisme et Vie de Société.

« Pour une situation exceptionnelle de ce genre, il faut mettre en place une mesure exceptionnelle. Donc, nous avons demandé que le fonds de la CNAPS qui est utilisé pour avoir des bénéfices, eh bien, que ces bénéfices-là servent à aider les travailleurs dans le secteur privé pendant cette crise de la pandémie de Covid-19. Mais nous avons appris cette semaine que le conseil d’administration de la CNAPS a pris la décision de mettre en place un prêt pour les travailleurs. Mais ce système de prêt ce n’est pas possible pour les employés du secteur privé qui sont actuellement en difficulté. Ils ont perdu leur travail. Ils n’ont pas reçu de salaire ou certains seulement la moitié de leur salaire. Donc, la mesure que nous voulons que la CNAPS prenne c’est de subventionner les travailleurs. C’est notre argent qui est à la CNAPS, pas celui du gouvernement. Ce sont nos cotisations », explique Barson Rakotomanga.

« Sans salaire depuis cinq mois »

Avec l’Union des syndicats autonomes de Madagascar, ils ont lancé une pétition qui a reçu 7 000 signatures de travailleurs qui plaident pour une prise en charge du chômage par l’Etat. « Les signatures sont accompagnées du nom et du numéro de CNAPS des salariés. Ce ne sont pas seulement quelques travailleurs ou quelques syndicalistes qui revendiquent ces subventions ou qui ne sont pas d’accord avec ce système de prêt mais ce sont des milliers de travailleurs », poursuit Barson Rakotomanga

Parmi eux, Fidy, machiniste dans une usine de confection de vêtements, qui reçoit d’habitude un salaire mensuel de base de 205 000 ariary (environ 46 euros). « Notre société nous a mis au chômage technique et nous sommes sans salaire depuis cinq mois. Nos patrons nous ont donné deux avances et ont demandé que l’on rembourse lorsqu’on retournera au travail, donc nous sommes déjà endettés. J’avais aussi un prêt à la banque et là, la Caisse de prévoyance sociale nous propose de faire un nouveau prêt. Je suis contre cela, surtout qu’on ne sait pas quand nous pourrons retourner au travail. Nous sommes en grande difficulté. Personne ne parle des employés des zones franches mis au chômage technique. On n’a reçu aucune aide. On ne peut plus payer les loyers ou acheter à manger pour notre famille. Je crie pour que l’Etat nous entende et qu’il nous donne une aide. »

« Modifier le code de prévoyance sociale »

Contacté, le directeur de cabinet du ministère du Travail, de l’Emploi, de la Fonction Publique et des Lois Sociales et président du conseil d’administration de la CNAPS, Lolona Raharomampiandra Andraimanovontsoa précise que « l’allocation chômage ne fait pas partie des régimes de la Caisse de Prévoyance Sociale. Les cotisations des travailleurs sont destinées aux allocations familiales, aux accidents du travail et aux pensions de retraite. » A Madagascar, le système de protection sociale ne prévoit en effet aucune indemnité de chômage. « Si on veut changer ça, il faut modifier le code de prévoyance sociale qui a une valeur de loi donc il faut que ça passe à l’Assemblée nationale », explique-t-il.

Les représentants du patronat, des travailleurs et de l’Etat ont approuvé cette semaine ce projet de prêt mais il doit encore être validé par le ministère du Travail. « Malgré ce vide juridique qui empêche la Caisse nationale de prévoyance sociale d’allouer une indemnité de chômage, elle a essayé de présenter des programmes d’aides aux employés à deux reprises mais ils n’ont pas été retenus par le gouvernement. Nous n’étions pas pour ce système de prêt mais finalement les travailleurs n’ont pas le choix compte tenu de ce vide juridique entourant la CNAPS. Aucune organisation n’accepterait de faire un prêt aux travailleurs actuellement, donc le prêt de la CNAPS est mieux que rien », détaille Henri Botoudi, président de la Confédération des travailleurs de Madagascar, l’un des représentants des travailleurs au sein du conseil d’administration de la CNAPS.

Les syndicats qui contestent ce projet ont prévu de se rendre à nouveau à la Primature et au siège de la CNAPS lorsqu’ils auront atteint les 10 000 signatures sur leur pétition demandant le retrait de cette mesure. Vendredi, ni le Premier ministre et ses collaborateurs, ni les responsables de la CNAPS ne les ont reçus, indiquent-ils.

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