L’article du Dr Ba concernant l’indice de pré-émergencepublié par le Bureau de Prospective Economique (BPE)appelle de ma part les observations suivantes :
1. Je travaille sur les questions d’émergence depuis vingt anset j’ai conçu, dès 2003, un indice synthétique d’émergence économique (ISEME), largement partagé dans des colloques internationaux. Ce travail a culminé avec la publication, aux éditions l’Harmattan, en mars 2017 d’un ouvrage intitulé « émergence économique des Nations : définition et mesure » dont j’ai personnellement remis une copie au Président du Nepad. Le travail du pôle de recherche PRAME, parrainé par le Président du Nepad, en tant que préfacier, est venu tout de suite après la publication de mon ouvrage. Je me suis dit que c’est bien de circuler les idées si cela peut inspirer d’autres chercheurs ;
2. Le travail de recherche se fait dans le respect strict des normes scientifiques. C’est ce qui fonde sa crédibilité. C’est ce qui nous guide dans l’élaboration des différents indices publiés depuis 2003. Toutes les données exploitées proviennent de sources internationales et les méthodes statistiques utilisées sont systématiquement robustes.
3. L’évaluation des performances du Sénégal ne peut se faire sans prise en compte de sa position relative par rapport aux pays africains et autres pays dits émergents. C’est la raison pour laquelle, les indices cherchent toujours à positionner le Sénégal dans le classement des pays africains, en identifiant les variables, sous-dimensions et dimensions pour lesquelles il doit effectuer le plus d’efforts pour atteindre l’émergence qui est un concept relatif.
4. L’émergence est un processus. Son fondement réside dans la qualité des institutions (valeurs, culture nationale, système politique, gouvernance, etc.) qui doit être à la hauteur des exigences de l’émergence. Le pays doit ensuite développer et mettre en place les leviers de l’émergence (un bon capitalhumain, des infrastructures de qualité, un environnement des affaires de classe internationale, un système financier approfondi, un secteur privé local dynamique, etc.). Ces leviers sont bien appréhendés par l’indice de pré-émergence bâti par le BPE et qui constitue de ce fait un bon prédicteur de l’émergence future du pays (phénomène de convergence conditionnelle bien connu des économistes). Le troisième palier est celui de l’émergence économique qui a fait l’objet d’une mesure à travers l’ISEME mentionné plus haut. Enfin, le pays qui émerge doit veiller à faire partager les fruits du développement économique à ses citoyens. C’est ce qui justifie la mise en place d’un indice de qualité de vie.
Au total, c’est moi-même, avec l’aide de mes brillants collaborateurs statisticiens-économistes (Sidiki Guindo, Ruben Djogbenou, Amaye Sy), qui devrait demander des droits d’auteur au PRAME, pour avoir été un pionnier mondial dans le domaine de la recherche sur l’émergence économique des Nations.