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vendredi 1 décembre 2023

Sotchi: Moscou dévoile ses ambitions en Afrique

Moscou organise son tout premier sommet Russie-Afrique ce mercredi 23 octobre à Sotchi, sur la mer Noire. Un sommet politique co-présidé par Vladimir Poutine et le chef d’État égyptien Abdel Fatah al-Sissi : 47 dirigeants africains et 6 000 participants du continent sont attendus. Mais ce sommet politique aura une forte coloration économique. Contrats et partenariats devraient être annoncés dans les domaines de l’énergie et dans le secteur extractif. Surtout, pour Vladimir Poutine qui se dit prêt à investir des milliards de dollars en Afrique, il s’agit de rattraper le temps perdu face aux autres puissances (la Chine en tête) dans la poursuite d’opportunités économiques sur le continent.

La Russie en Afrique. En particulier en Afrique subsaharienne ; c’est encore un nain économique au regard des autres puissances : Chine, Union européenne voire même États-Unis. L’an dernier, les échanges, c’était 20 milliards de dollars.

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C’est 10 fois moins que la Chine, et encore plus loin derrière l’Union européenne (près de 300 millions d’euros). Ces échanges en plus se concentrent avec l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud, partenaires historiques.

Il faut dire que la Russie d’aujourd’hui n’a plus les moyens ni même l’ambition de l’URSS. Mais elle a bien compris qu’il lui fallait agir pour ne pas laisser passer cette opportunité.

Outre le besoin de rattraper son retard, il faut dire que la Russie est contrainte d’aller prospecter sur le continent

Les sanctions occidentales en représailles à son implication dans la guerre en Ukraine, et en Syrie, obligent Moscou à rechercher des ressources et des partenaires alternatifs… Pourquoi pas l’Afrique ?

Ces dernières années, elle a multiplié les rendez-vous, les forums, les comités bilatéraux. Grâce, ce n’est pas un hasard, au concours et aux moyens de l’État.

Ainsi 2018 a été l’année du Forum de Saint-Pétersbourg mais aussi de la tournée africaine du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Y a-t-il une méthode, une stratégie russe pour développer les liens économiques en Afrique ?

Malgré un fort activisme, les observateurs estiment qu’il n’y a pas de réelle stratégie économique russe en Afrique.

Étant donné le retard qu’elle accuse, la Russie a un positionnement pragmatique, en fonction des circonstances, des opportunités. Ça ne veut pas dire qu’elle est dépourvue d’arguments.

D’une part, elle se vend comme un partenaire plus « respectueux » dans son approche que les Chinois, dont beaucoup d’États se plaignent.

Par rapport aux Occidentaux aussi, elle s’affiche comme une alternative moins intransigeante ; elle pratique une politique d’effacement de la dette.

Moscou ne se gêne pas pour raviver le souvenir (parfois enjolivé) de l’URSS, partenaire des indépendances africaines.

Voilà pourquoi le pays propose souvent son expertise en matière sécuritaire et de poursuivre ou de reprendre une coopération militaire et technique. C’est là une composante essentielle dans l’approche économique de la Russie en Afrique.

De fait, l’armement reste un pan essentiel des échanges. L’an dernier, 30% des importations africaines d’armes venaient de Russie d’après le Stockholm International Peace Research Institute.

En échange de quoi ? Qu’est-ce qui intéresse les Russes en Afrique ?

Alors, en termes économiques, ce qui intéresse les Russes, et ça sera au cœur des annonces à Sotchi, c’est l’exploitation des ressources naturelles. Les minerais dont l’Afrique regorge évidemment.

La Russie est déjà à pied-d’œuvre à Madagascar, en Angola, au Mozambique, au Zimbabwe, des pays amis, mais aussi en Centrafrique.

Grande productrice de pétrole et de gaz, la Russie veut diversifier ses sources d’approvisionnement via ses grands groupes publics : Rosneft, Loukoïl, entre autres.

Dans le domaine de l’énergie encore, Moscou entend capitaliser sur le méga-contrat passé avec l’Égypte de Sissi pour la construction d’une centrale nucléaire. Moscou veut proposer des mini-centrales, moins chères et assorties d’une politique de prêts avantageux.

Une limite, Moscou est loin d’avoir les moyens financiers de la Chine

Les observateurs de l’activisme économique russe en Afrique soulignent ce qui est hélas toujours un atout dans certains pays africains.

Moscou est sur certains contrats moins regardant en termes de transparence et de corruption. Dans les montages financiers complexes, elle n’aurait rien à envier à la Chine.

Outre les rétro-commissions que cela procure aux intermédiaires et aux élites locales dont beaucoup ont été formés en Russie, certains responsables à Moscou font ainsi fructifier leur capital, loin des sanctions infligées par l’Europe et l’Amérique.

RFI

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