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mardi 16 avril 2024

UN SENEGAL EMERGEANT EN 2028 !

Le Bureau de Prospective Economique (BPE) effectue un suivi régulier et rigoureux de la marche du Sénégal vers l’objectif d’émergence fixé pour 2035. A cet effet, il s’appuie sur l’approche méthodologique développée par Moubarack LO et qui s’articule autour de deux indices-clé :
(i) un Indice Synthétique d’Emergence Economique (ISEME) qui mesure les résultats du pays en termes de richesse inclusive, de croissance économique durable
 et saine, de transformation structurelle et d’insertion dans l’économie mondiale ;
(ii) un indice composite des leviers de l’émergence (ICLE)  qui 
est une agrégation de 13 dimensions qui représentent les éléments généralement cités comme contribuant à renforcer la compétitivité internationale d’un pays : les thèmes du « Consensus de Washington » que l’on retrouve comme composante de l’Indice de Compétitivité Globale du World EconomicForum et de l’indice Doing Business de la Banque Mondiale, le Capital humain, la technologie et l’innovation, la promotion et la protection de l’environnement, les infrastructures, l’environnement social, la qualité du secteur public. Les 13 dimensions sont décomposées en 33 sous-dimensions. Par la suite les sous-dimensions ont été subdivisées en 68 composantes qui regroupent 194 indicateurs.

D’après les calculs du BPE, le Sénégal se classe en 2017 dans le rang des pays potentiellement émergents, avec un indice ISEME de 0,337 sur 1. Pour devenir émergeant il lui faut réaliser un score ISEME de 0,5 ; ce qui est réalisable dès 2028 (échéance du prochain Plan d’Actions Prioritaires (PAP) du Plan Sénégal Emergent (PSE)), en accélérant notamment le rythme de croissance économique, en veillant à développer, concomitamment, la diversification et la sophistication de la base productive.  L’expérience de plusieurs pays devenus émergeants prouve qu’il est possible de faire une progression de 0,163 points dans l’indice en 11 ans, soit un effort de 0,0148points environ par an.

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En d’autres termes, le PAP 2018-2023 du PSEl est pour le Sénégal celui de la mise à niveau des leviers de l’émergence. Le PAP 2024-2028 permettra ensuite au pays de rejoindre le rang des pays émergeants dès 2028 et de viser à devenir émergé (avec un ISEME de 0,75) entre 2035 et 2040. 

Pour atteindre ces performancesle Sénégal doit mobiliser les instruments que constituent les leviers de l’émergence agrégés dans l’indice ICLE. 

En 2017, le Sénégal affiche un score global ICLE de 0.47, niveau légèrement inférieur à celui de la moyenne (0,51) des pays émergeants, selon la catégorisation de l’ISEME.Selon l’hypothèse dite de « convergence conditionnelle », pour converger en 2030 avec les émergeants, le Sénégal doit mettre à niveau, à l’horizon 2025, ses leviers de l’émergence et les hisser à la hauteur de ceux des pays émergeants. Ses forces et faiblesses sont analysées dans les lignes qui suivent.

Les forces du Sénégal

Relativement aux pays émergeants, le Sénégal affiche ses meilleures performances dans les sous dimensions :

• Genre : Un score plus élevé pour le Sénégal par rapport aux pays émergeant en moyenne, au niveau de l’accès des filles à l’enseignement primaire et moyen, la proportion de femmes au gouvernement et au parlement, la participation des femmes dans le marché du travail. Toutefois, le Sénégal enregistre relativement de faibles scores au niveau de la proportion de femmes à des postes de hautes responsabilités dans le milieu professionnel ;
• Droits de propriété : Cette bonne performance est le résultat du score obtenu au niveau des indicateurs « respect du droit propriété » et « respect de la propriété intellectuelle » ;
• Finances publiques : Le Sénégal se fait remarquer par la qualité de sa gestion budgétaire et financière, sa politique fiscale, sa politique d’endettement, la collecte et le périmètre des revenus fiscaux, l’accès à l’information sur les finances publiques ;
• L’intégration commerciale, financière, macroéconomique et libre circulation des personnes : Les bons résultats du Sénégal dans cette sous-dimension sont le reflet de de tarifs douaniers quasi nuls et de la libre circulation des personnes au sein de la CEDEAO, de la convertibilité de la monnaie, des différentiels d’inflation faibles entre le Sénégal et ses partenaires de la région ;
• La protection et la promotion de l’environnement :les bonnes performances au niveau de cette sous-dimension sont le résultat d’une consommation plus élevée d’énergies renouvelables, de scores meilleurs au niveau des politiques environnementales, et d’un bon taux d’aires marines et terrestres protégées ;
• Le climat politique et sécuritaire : Le score relativement bon est imputable à la stabilité politique et à l’intensité faible du terrorisme et des conflits. Cependant l’indicateur « crime organisé » ressort très en deçà du niveau des émergents en moyenne.

Les faiblesses du Sénégal

Au niveau des sous-dimensions de l’ICLE, le Sénégal enregistre les écarts de scores les plus défavorables vis à vis des pays émergeants (différence > 0,1) dans les domaines ci-après

• Energie : le cout élevé de l’électricité, la faible consommation d’électricité par tête, et le faible accès à l’électricité sont les principales contraintes que le pays devra lever pour se hisser au niveau des pays émergeants dans cette sous-dimension ;
• Education : Les efforts devront concerner le relèvement de l’accès au niveau de l’éducation secondaire et tertiaire, ainsi que de la qualité du système éducatif ;
• La finance directe : la taille du marché financier, son accès, son développement et son efficience expliquent le retard du Sénégal dans cette sous dimension ;
• Finance indirecte : Le retard est particulièrement important en ce qui concerne l’intermédiation bancaire (taux de bancarisation, utilisation des services bancaires, accès et coût du crédit);
• Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) : tous les indicateurs de cette sousdimension affichent des retards supérieurs à 0,1. Le gap est particulièrement prononcé pour la profondeur d’utilisation d’internet, l’accès au haut débit et la disponibilité de sites web du côté des entreprises ;
• Spécialisation de l’économie : les exportations du Sénégal sont faiblement diversifiées relativement au pays émergeants ;
• Les infrastructures d’eau et d’assainissement : Le pays se doit rendre universel l’accès à l’eau potable (il en est proche) et élargir fortement la couverture de la population en réseau d’assainissement ;
• Le suivi et la coordination des politiques publiques : d’après les indices du FMI, comparé au pays émergeants, le Sénégal enregistre des scores faibles dans la sélection et l’évaluation des politiques publiques alors que le niveau de coordination de ces politiques est relativement satisfaisant ;
• Marché intérieur, structure de concurrence, entrées et sortiesla faiblesse relative de la concurrence au sein du marché intérieurles coûts élevés de démarrage d’une activité économique et la taille du secteur informel expliquent le retard important du Sénégal dans cette sous-dimension ;
• Les infrastructures régionales : le pays réalise un score faible au niveau de l’indice de développement des infrastructures régionales de la BAD ;
• L’ouverture commerciale : le taux d’ouverture commerciale est particulièrement bas comparé aux pays émergeants.
• Le transport : des efforts sont nécessaires au niveau de la densité du réseau routier et de la proportion de routes bitumées.

Le tableau ci-après donne les chiffres précis des écarts à combler par Sénégal à l’horizon 2023.

Tableau 1 : écart à combler au niveau des sous-dimensions de l’ICLE

Sous dimensions

ICLE Moyen des  Emergents

ICLE Sénégal 2017

Progression ICLE à l’horizon 2023

ICT infrastructure 

0,53

0,3

0,23

Energy

0,48

0,26

0,22

Education 

0,59

0,38

0,21

Spécialisation

0,55

0,36

0,19

Finance indirecte

0,34

0,18

0,16

EAU et Assainissement

0,55

0,4

0,15

Monitoring et coordination 

0,59

0,46

0,13

Finance directe, assurance

0,14

0,01

0,13

entrée et sortie du marché, structure de concurrence

0,46

0,34

0,12

Infrastructures régionales

0,35

0,23

0,11

Transport 

0,25

0,14

0,11

National Planning 

0,65

0,55

0,1

Ouverture 

0,32

0,24

0,08

lourdeur de l’environnement des opérations courantes

0,56

0,47

0,08

Climat social

0,52

0,46

0,06

administration moderne et proche du citoyen

0,67

0,61

0,06

Régulation des facteurs de production (travail, terre)

0,47

0,42

0,06

Sante 

0,3

0,25

0,05

Promotion environnement 

0,17

0,14

0,03

Capital et intensité Technologique

0,34

0,31

0,03

Population

0,53

0,49

0,03

Intégration des capacités de production

0,28

0,26

0,02

qualité et respect des normes et procédures

0,56

0,54

0,01

Climat politique et sécuritaire

0,33

0,37

0

Exploitation durable des ressources naturelles

0,25

0,3

0

Finances publiques 

0,65

0,78

0

droits de propriété

0,86

1

0

Protection environnement

0,44

0,49

0

Administration efficace et orientée résultats

0,07

0,13

0

genre 

0,58

0,63

0

Par Moubarack LO et Amaye SY
Bureau de Prospective Economique (BPE) du Sénégal

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