Loin d’être un économiste, Al Jâhiz, né sur les rivages de la mer rouge, est néanmoins célèbre pour son « Livre des avares » (Kitab al-buhalâ), qui témoigne notamment des pratiques et des mœurs économiques de son temps.
Dans la lignée de la pensée traditionnelle de l‘Islam, il se montre très critique vis-à-vis de l’avarice, qu’il oppose à la dépense, au don, à la prodigalité. La réussite financière et sociale d’un individu doit en effet s’accompagner de largesses en faveur des plus démunis et/ou de sa famille.
Al Jâhiz stigmatise donc la thésaurisation qui entraverait la redistribution des richesses et confirme ainsi l’idée selon laquelle l’économie islamique doit être une économie de la dépense. Tout au long de cet ouvrage, Al Jâhiz raille ces avares, pour lesquels « il est plus difficile de conserver la richesse que de l’amasser ». (AL JAHIZ, Le livre des avares, traduction française de Pellat, coll. Dédale, G.P. Maisonneuve et Larose, Paris, 1997)
Al-Jâhiz va jusqu’à proposer un nouveau système de redistribution des richesses, au sein duquel les rentiers (tirant leurs revenus du foncier) doivent redistribuer leur inépuisable fortune, tandis que les commerçants et marchands ne doivent pas contribuer à cette redistribution, car leurs revenus dépendent du travail, de l’effort et du risque.
Nous retrouvons donc cette idée dans la pensée d’Al Jâhiz, selon laquelle il est condamnable de s’enrichir en dormant. C’est exactement ce que la finance islamique entend remettre en cause dans le capitalisme financier mondialisé.
Al Jâhiz (776-868) : une nouvelle redistribution des richesses
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